« Qu’est ce que je pense pouvoir apporter à des oeuvres si souvent jouées ? » demande Olivier Baumont dans un texte de présentation rédigé à la première personne du singulier. Et l’artiste d’évoquer « un ancien maître » qui conseillait « de ne pas déranger » une musique pour bien l’interpréter. Mais « ne pas déranger » ne signifie pas disparaître derrière une neutralité passive ou impuissante. Fin connaisseur de Couperin, Olivier Baumont cherche davantage à émouvoir qu’à surprendre son auditeur. Pour ce faire, il bénéficie d’un cadre propice à l’intimité dans un château du XVIIè siècle où s’épanouit la sonorité ronde et naturellement chantante du clavecin de Jacques Goermans (Paris, 1774) finement captée par Jean-Marc Laisné. Dans ces conditions, l’art français «superbement exilé chez Bach » comme l’écrit l’artiste, semble plus que jamais retrouver ses racines, magnifier son goût de l’équilibre, de l’éloquence discrète, du mouvement qui ne déstabilise jamais l’édifice. Connaissant le musicien, on imagine des allemandes et des sarabandes rêveuses ou mélancoliques ; elles le sont en effet à l’image de cette allemande au pastel de la Suite N°3 ou de celle, aérienne, de la Suite N°4. Mais si le climat général se veut essentiellement contemplatif et oriente le plus souvent la tête vers les étoiles, il peut aussi faire danser les doigts avec une rare élégance comme dans ces gigues où les rythmes pointés participent à l’animation du geste sans jamais saccader la respiration. « Enrichir sans déranger » propose Olivier Baumont pour bien « redire ». Il a tenu parole.
Classica- Philippe Venturini